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MIRIAM CABAS

l’aficion faite femme

2 oreilles dans la main gauche et un bouquet de romarin dans la droite pour évoquer le grand artiste andalou Curro Romero,

Miriam réalise son rêve tout en se réalisant.( Photo David Herna¡ndez) 

Samedi soir, pour la première fois de désormais sa longue histoire (126 ans), l’arène de Maubourguet verra au paseo défiler une jeune andalouse de 20 ans. Le fait n’est pas si courant, même en ces temps de féminisme triomphant pour le faire remarquer. Merci à Maubourguet-Toros pour l’avoir mise au cartel.

Il s’agit de Miriam Cabas élève de l’école taurine Campo de Gibraltar sis à los Barrios près d’Algésiras. Elle est l’élève de mon vieil ami le maestro Francisco Ruiz Miguel, grand parmi les grands. Ses intérêts sont représentés aussi bien en Espagne qu’en France par Serge Almeras.

Petite fille d’un maletilla à l’ancienne, pétri d’aficion mais qui avait davantage rendez-vous avec la faim et les coups de cornes qu’avec la gloire, Miriam a toujours voulu être torera. Du temps où elle allait à l’école, à la récré, elle transformait  déjà ses petits camarades en toro, tandis qu’elle leur faisait des passes. Dans sa manière de bouger ou de se tenir elle a  appris à toujours être torera. A cinq ans elle se mettait déjà devant de petites vaches.

Depuis l’année dernière elle est dans les circuits taurins, les « bolsíns », les « certamens », elle y a brillé et est même sortie des arènes, portée en triomphe par ses collègues garçons. Cette carrière de torera est d’autant plus difficile qu’elle mène en parallèle des études pour devenir vétérinaire. Études très exigeantes, comme tout le monde sait. Difficile de concilier les deux sans bénéficier d’un emploi du temps aménagé comme celui concédé aux sportifs. Il lui faut toujours négocier avec les enseignants. Heureusement, les camarades l’épaulent. Tuer un toro n’est pas plus difficile pour une femme que pour un homme. Ce qui est difficile, c’est de se mouvoir et de réussir dans un monde comme celui de la tauromachie conçu par les hommes pour les hommes et dominé par eux.

La galère des femmes :

Nombreuses ont été les postulantes au cours de l’histoire, mais hormis quelques toreras à cheval, comme La Pajaruela (dessinée par Goya), Conchita Cintrón, Marie Sara, où Léa Vicens aujourd’hui, très peu ont atteint la célébrité. Pourtant tout le monde reconnaît que les femmes n’ont rien à envier aux hommes en matière d’adresse ou d’intelligence et que bien souvent elles sont plus courageuses qu’eux. Quelle explication alors ? Si ce n’est la mesquinerie complotiste d’un mundillo masculin reléguant les femmes à leurs tâches habituelles. Au XVIIème et au XVIII °siècle, on trouve des traces écrites de femmes affrontant les toros à cheval ou à pied. Au XIX°en 1802, Goya peint La Pajaruela piquant un toro avec une lance. Apparaissent ensuite  les « cuadrillas de mujeres » favorisées par Joseph Bonaparte. Puis le toreo féminin devient très populaire avec les novilladas carnavalesques et comiques, mais aussi dans les corridas formelles. Gustave Doré immortalisa avec ses gravures une torera à pied andalouse, Teresa Bolsí. Au début du XX° on commence à noter une opposition très nette à la tauromachie féminine à pied. On la trouve vulgaire  et inélégante. Ne dit-on pas d’une femme légère qu’elle est une torera ? Le 2 Juin 1908, le Ministre de l’intérieur du gouvernement conservateur de l’époque prend une ordonnance interdisant aux femmes de pratiquer la tauromachie. Certaines comme la Reverte résistent. On les traite de virago et on prétend même qu’elles sont des transsexuelles. Avec l’arrivée de la République en 1931, la tauromachie féminine fut à nouveau autorisée, puisque la république reconnaissait l’égalité homme-femmes mais par-delà le changement de régime politique, le règlement taurin de 1930 continuait à l’interdire. Juanita Cruz la plus grande professionnelle de la tauromachie de tous les temps, qui tua son premier taurillon à l’âge de 15 ans et fit en 1933 à Cabra le paseo au côté de Manolete oeuvra pour que le règlement taurin soit déclaré anticonstitutionnel. Ce fut le cas en 1934. En 1936 avec le front populaire, Juanita put se présenter  dans les arènes de Madrid en qualité de novillera. Républicaine convaincue, elle fit de nombreux spectacles en faveur des blessés du camp républicain. N’en déplaise aux politiques espagnols actuels de tout bord, la tauromachie n’est ni de droite, ni de gauche, ni même du centre, elle est au-dessus. A la fin de la guerre d’Espagne, comme 500 000 de ses concitoyens elle dut prendre le chemin de l’exil. Elle fit carrière en Amérique latine. Pendant ce temps, Franco interdisait à nouveau la tauromachie à pied féminine par décret-loi, avant d’édicter une loi en 1961 confirmant cette interdiction. Après avoir participé à 700 corridas, Juanita revint en France en 1944 puis regagna l’Espagne par la suite où elle resta discrète jusqu’à son décès en 1982. En 1974, une circulaire ministérielle libéra la tauromachie féminine à pied, mais pas les esprits malades pour très longtemps encore du franquisme. Depuis cette date de très nombreuses jeunes femmes se sont initiées à l’art de Cúchares avec plus ou moins de bonheur. Rares sont celles qui ont atteint l’alternative, elles se comptent sur les doigts de la main. Seulement 2, Cristina Sanchez et Mari Paz Vega ont confirmé à Madrid et seule Cristina Sanchez a toréé dans la capitale espagnole en tant que matador de toros. Voilà le résultat de décennies de bêtise machiste et de lois et règlements aberrants. Il est temps de tourner la page alors samedi venez à Maubourguet applaudir par delà les préjugés Miriam, l’afición faite femme.

Antoine Torres

 

Le retour des « toros » à  Maubourguet


Après deux années blanches en raison de la crise sanitaire, il est temps de faire revivre la Fiesta Brava et de se retrouver, dans les arènes « Pierre Balao », confie Pascal Bounneau, président.

C’est dans le cadre des fêtes de Maubourguet que Maubourguet Toros propose samedi 20 août, à partir de 18 heures, un concert des Armagnacs pour une mise en ambiance musicale de qualité.

Suivra à 19 heures, la novillada sans picador dont le cartel est le fruit de réflexions hivernales. Un cartel prometteur avec trois jeunes apprentis aux profils variés, opposés à un bétail bien présenté et permettant l’expression des talents de demain. Après ce moment, la soirée s’achèvera autour des arènes dans la convivialité pour le traditionnel cocktail : bodega, vino y baile por Sevillanas.

La ganaderia Bats

Pour la troisième fois de l’histoire taurine de Maubourguet, le bétail de la ganaderia de Philippe Bats foulera la piste.

Les dernières sorties de ces animaux, à la présentation toujours soignée, alliée à des comportements mêlant caste et noblesse, ont validé ce choix.

Sur le plan génétique le troupeau est constitué, depuis 2008, d’animaux de caste Domecq, par l’achat d’un lot de 50 vaches et 2 étalons de la ganaderia Miranda de Pericalvo. Cette origine sera renforcée en 2013 par l’intégration d’un lot de 20 vaches et 1 étalon de Luis Algarra, toujours dans cette branche Domecq, à nouveau confirmée par l’achat de 2 étalons de Garcigrande en 2014. Rendez-vous le 20 août.

Les toreros :

Avec le charme féminin de

Miriam Cabas, élève du maestro Francisco Ruiz Miguel, qui lui enseigne « le torero » au sein de l’école Campo de Gibraltar.

Jean Larroquette « Juanito » de l’école Adour aficion. L’enseignement du maestro Richard Milian porte ses fruits.

Cristiano Torres est d’une famille taurine, son père est le torero aragonais Ricardo Torres.

J. N

LA SELECTION  :

 

Choix des Novillos pour le 20 août :

https://photos.app.goo.gl/yV8iGZBzicW9gEbp6

 

Article d’Antoine TORRES paru dans la dépêche le jeudi 18 août :

MAUBOURGUET : NOVILLADA PRESTIGE

Après 2 années blanches dues à la crise sanitaire de la Covid 19, c’est avec un plaisir non dissimulé que nous avons appris que MAUBOURGUET–TOROS a décidé de reprendre de l‘activité et de faire revivre  l’art tauromachique dans les arènes Pierre Balao de Maubourguet. Dans le cadre des fêtes de Maubourguet, à 19 heures, après un concert des fameux Armagnacs d’Eauze, aura lieu une novillada non piquée. 6 erales (taurillons de 2 ans) de l’élevage Alma Serena seront combattus par le sympathique et passionné Béarnais Jean Larroquette dit Juanito, la novillera andalouse Miriam Cabas et l’Aragonais Cristiano Torres, fils du matador Ricardo Torres, sorti à hombros à Arzacq et vainqueur de la Almendra de Plata de Gor (Grenade). Une affiche de grand intérêt. Après la novillada, la fête continuera avec bodega, tapas et sevillanas.

Le bétail d’Alma Serena est  l’histoire de la passion commune de deux agriculteurs landais, Philippe et Pierre Bats. En 1998, rongés par le petit ver (el gusanillo) de l’aficion  les deux frères décident de ne pas se contenter de rester spectateurs et passent à l’acte en achetant 35 vaches et un étalon chez les frères Peralta, très célèbres matadors à Cheval, qui ont une propriété dans le Berry, « Viento Verde » destinée à permettre à leur bétail de mieux supporter les étés chauds et secs d’Andalousie. Il s’agit de bétail de sang bleu. Des Murube. Grâce à leurs capacités thoraciques, ils ont un galop soutenu et une grande résistance, d’où leur utilisation pour les corridas équestres. Les premiers produits donnent des résultats mitigés. Trop de piquant. En 2004, 10 vaches et un semental sont directement achetés à Pepe Murube. C’est mieux, mais le nombre restreint des Murube pour structurer le troupeau et pour rafraîchir le sang, amène les jeunes éleveurs à remplacer les Murube en 2008 par des Miranda de Pericalvo.Pur encaste Domecq via Daniel Ruiz « el Torreon ». Le succès est enfin au rendez-vous. En 2010 et en 2011 les critiques taurins du Sud Ouest et les clubs taurins Paul Ricardgratifient l’élevage du prix du meilleur lot de novillos présenté en non piquée. Mais il faut agrandir le troupeau et Miranda de Pericalvo a décliné. Les Alma Serena sont meilleurs que le produits de la maison mère. Les frères Bats achètent en 2013, 20 vaches et un reproducteur à Luis Algarra (encaste Juan Pedro Domecq). A nouveau résultats mitigés. Ils éliminent le semental et le remplacent  par des Garcigrande. En 2019, ils sont à nouveau gratifiés par les critiques taurins du Sud Ouest du prix de meilleur lot présenté en non piquée. Hélas, cet automne là, Pierre décède brutalement à 55 ans d’une rupture d’anévrisme. Alma Serena continue sa trajectoire, cet élevage est le résultat de 24 ans de sélection, d’investissement, de travail acharné, de réflexion, et de beaucoup, beaucoup de passion. Alors, samedi prochain, allez encourager Philippe Bats pour qu’il continue l’œuvre de sa vie et celle de son frère toujours en recherche d’absolu comme tous les passionnés perfectionnistes.

A.T